Suggestions d’inspirations artistiques (toutes disciplines confondues) dans la création de ce spectacle :

Le film Les idiots, de Lars von Trier est en quelque sorte notre point de départ. C’est la première chose qu’on a visionnée ensemble avec Alix. Le concept c’est que ce sont des gens normaux, comme vous et moi, qui décident de faire les idiots. Ils rejoignent une communauté, débarquent dans différents endroits et font les idiots. Ça devient une sorte de thérapie, de performance et de provocation sociale. Lars von Trier est Danois et vient donc d’une société réputée pour être très policée, propre, ordonnée. Donc, dans ce contexte-là, imaginer des gens qui brisent volontairement l’apparence, la politesse, la normalité, devient un geste politiquement très fort.

Globalement, cette référence initiale nous a poussés à découvrir les idiots intérieurs de nos interprètes. Mais on s’est rendu compte qu’à l’inverse, nos personnages ne sont pas des gens normaux qui essaient de se libérer d’un carcan. Ils sont juste idiots !

D’autres sources d’inspirations :

Ça relève plutôt du sociologique que de l’artistique, mais pour Malaise dans la civilisation, je me suis beaucoup inspiré des choses qui se passaient dans les rues et les parcs. Au début de la pandémie, je me promenais et j’observais les ados qui n’allaient plus à l’école et qui étaient obligés de vivre leur animalité sociale en plein air !

C’est intéressant cette idée d’appartenance au groupe ; de parfois se faire maltraiter par le groupe, de s’en éloigner un peu, mais d’y revenir quand même parce qu’on en a besoin. Une autre image qui m’avait marqué pendant le premier déconfinement de la pandémie : il y avait eu un grand rassemblement festif au parc Jarry et, une fois les gens partis, il y avait des déchets absolument partout. Ça a pris une seule sortie pour que tout l’environnement soit bouleversé. Ce n’était pas de mauvaises personnes, juste des gens très contents d’être là qui sont devenus comme des orcs et qui ont tout saccagé !

L’intelligence collective du groupe m’interpelle beaucoup. Une fois regroupés, nous ne sommes plus des individus qui font des choix éclairés, mais des particules d’un nuage plus grand que nous, le groupe, qui a cinq ans d’âge mental !

Quelle est l’importance de la philosophie dans tes créations et pourquoi avoir finalement choisi comme titre Malaise dans la civilisation qui est aussi un essai de Freud ?

J’ai un rapport assez ludique avec la philosophie. Ce n’est pas théorique ou conceptuel pour moi, c’est de la matière. Je m’en inspire de manière très libre. J’aime beaucoup donner des titres d’ouvrages philosophiques à mes spectacles. Il y a eu, avec Fred Gravel, Ainsi parlait… pour Ainsi parlait Zarathoustra, de Nietzsche et Logique du pire pour l’œuvre du même nom de Clément Rosset. Dernièrement Trop humains, une référence à Humain, trop humain de Nietzsche (encore). Et finalement Malaise dans la civilisation, de Freud. Je me rends compte que je fais des shows quand même drôles, déjantés, un peu niaiseux, mais le fait de donner un titre philosophique c’est une manière de dire : attention, il y a autre chose! Ouvrez l’œil! Après ça, le lien entre l’œuvre philosophique et celle que j’ai créée est souvent assez lousse!