Sous sa surface parfois simpliste, on pressent qu’il recèle mille secrets. Malgré ses airs vieillots, on devine qu’il creuse en nous des voies intemporelles, autrement plus complexes et pertinentes que le laissent croire ses anecdotes trop souvent misogynes. Depuis les innombrables versions de la tradition orale à celles manuscrites des collecteurs d’histoires, le conte de fées ne cesse de nous titiller et tant à l’heure du dodo avec les tout-petits que dans les œuvres artistiques les plus surprenantes, on le revisite inlassablement.

À son époque, Charles Perrault écrit d’abord des versions un peu édulcorées de mythes ancestraux pour le public galant de la cour. Ainsi, ses récits sont truffées de références que seules des oreilles matures peuvent capter. De la même manière, les contes des frères allemands Jacob et Wilhelm Grimm et ceux du danois Hans Christian Andersen, bien qu’ils remportent beaucoup de succès auprès du jeune public, s’adressent à un auditoire très large.

Peau d’âne

Par la suite, on retrouve aussi sa trace dans l’œuvre des frères Grimm, qui en décuple l’importance de l’animalité dans Peau-de-mille-bêtes (ou Toutes-Fourrures) en 1819. Là d’où il est bien absent, c’est dans le répertoire des films de Disney, qui ne s’est jamais arrêté sur cette fable énigmatique où une princesse, pour échapper à la convoitise de son père, revêt la peau de l’âne pondeur d’or et s’enfuit dans les bois.