Sylvain, pouvez-vous nous raconter quelle est l’origine du projet Le Scriptarium au Théâtre Le Clou ?

Sylvain Scott : Le projet du Scriptarium est l’aboutissement d’une transformation. C’est-à-dire que le Théâtre Le Clou a mené pendant longtemps un projet à l’intention des adolescents qui s’appelait Les Zurbains. Ce projet découlait des Contes urbains du Théâtre Urbi et Orbi et prévoyait l’encadrement dramaturgique d’auteur·ice·s adolescent·e·s et menait à une production à partir de leurs mots. Rapidement, à cause de notre expérience avec le jeune public, le Théâtre Urbi et Orbi nous ont remis les rênes des Zurbains que nous avons mené pendant 25 ans. Ç’a été une expérience importante pour la compagnie pour plusieurs raisons, en premier lieu parce qu’il s’agissait de la parole des jeunes. Pour nous, ça représentait une façon de rester en contact de manière très directe avec les préoccupations des adolescent·e·s. Après toutes ces années, on a eu envie de renouveler la forme et de là est né Le Scriptarium. Puisque les Zurbains tournait exclusivement autour de la forme du conte, on a souhaité ouvrir un peu et intégrer d’autres formes textuelles : le dialogue, la poésie, le slam, la chanson. Tout est possible ! On a également amené l’idée du ou de la commissaire qui est là pour proposer une ligne d’écriture, une thématique en quelque sorte. Chaque année, on s’associe à quelqu’un de stimulant, quelqu’un qui représente un modèle pour les jeunes, qui peut les inspirer.

Comment s’organise le processus d’écriture du Scriptarium ?

Sylvain Scott : À partir de la thématique soumise par la commissaire, on prépare un dossier qu’on fait parvenir aux enseignant·e·s. Ceux et celles qui sont partant·e·s s’inscrivent et reçoivent dans leur classe un atelier qui est dirigé par une personne formée par notre responsable de la médiation. C’est quelqu’un qui est en mesure de bien parler du projet, de présenter le Théâtre Le Clou, ainsi que la thématique et la commissaire. Dès ce moment-là, un échange s’établit avec les jeunes et iels sont invité·e·s à se lancer dans l’écriture. Six mois plus tard, nous recevons les premiers textes. En tout, ce sont 1500 textes qui vont être produits dans le cadre du projet ! Chaque enseignant·e est invité·e à en sélectionner au maximum une dizaine et au Clou, nous en recevons à peu près 700 ou 800. Dans un premier temps, un comité artistique va lire ces textes et effectuer un tri pour en retenir environ 60. Ensuite, un deuxième comité a comme mission d’en sélectionner à leur tour une douzaine. À partir de là, les douze auteur·ice·s sont invité·e·s à participer à un stage d’encadrement dramaturgique à Montréal et à Québec d’une durée d’une fin de semaine.

L’objectif de ce stage est de réécrire les textes, de faire aboutir les prises de paroles, les formes, les intentions, etc. Rapidement, dès le vendredi soir, on leur fait comprendre que même si tout le processus jusque-là a eu lieu dans un contexte scolaire, iels sont dorénavant considérés comme des auteur·ice·s professionnel·le·s. C’est-à-dire qu’iels doivent retravailler leur texte à la lumière des commentaires des coachs. Iels ont accès à des ateliers d’écriture avec des artistes, il y a des aussi des comédien·ne·s professionnel·le·s qui sont là pour lire leurs textes. Je suis présent comme metteur en scène, je fais le tour des équipes, j’écoute ce qui se passe. À la fin du week-end, il y a une lecture publique des douze textes où l’on invite les parents, des ami·e·s, des gens de la compagnie, des concepteur·rice·s. Et c’est à la suite de cette présentation que l’on sélectionne les textes qui vont faire partie du spectacle. Pour les jeunes qui participent à ce stage, c’est vraiment une expérience très riche !