Comment aborde-t-on cette pièce emblématique du théâtre de l’absurde et le travail d’adaptation du texte que tu as fait ?
En ayant la liberté d’en faire une relecture, j’ai eu envie que les jeunes puissent s’identifier davantage. J’ai rajeuni les personnages, simplement pour qu’on sente que la jeunesse est aussi guettée par ces systèmes totalitaires qui tranquillement s’infiltrent dans notre quotidien sans qu’on s’en rende compte, prennent possession de nos vies de manière idéologique et s’installent pour de bon. Je souhaitais aussi apporter une perspective féministe au texte et laisser plus d’espace aux personnages féminins. Donc Daisy est plus présente, j’ai supprimé l’écart d’âge entre elle et Béranger et j’ai féminisé certains personnages. J’ai aussi installé une dynamique amoureuse entre Dudard, maintenant jouée par une femme, et Daisy. Bref, il y a un angle franchement plus contemporain.
Justement, comment la présence ou l’évocation des rhinocéros se matérialisent-elles sur scène ?
Finalement, dans l’environnement, avec l’éclairage, on utilise la fumée qui est parfaite pour créer l’illusion d’un air vicié ou d’un soulèvement de poussière dû aux passages des rhinocéros. Mais surtout, Étienne Boucher fait de la lumière une matière oppressante.
La pièce pose, entre autres, la question du conformisme, du totalitarisme et de la résistance. Pourquoi Rhinocéros résonne autant en 2025 et à quels niveaux ?
Je remercie Claude Poissant pour sa confiance et l’ensemble de son œuvre. Avec ce spectacle, je souhaite lui rendre hommage.