ALIEN

L’étranger. L’autre. C’est la figure majeure de la SF. Il prend habituellement la forme de l’extraterrestre, mais aussi  de l’androïde, du mutant, du robot… ou d’une population humaine qui a évolué, coupée de tout contact avec la Terre pendant des millénaires, et qui est devenue « autre ». Comment peut-on être un « autre » ? Montesquieu, en son temps, déjà… L’autre est-il nécessairement, tel Alien, une sorte de monstre ?

 

BORG

Race extraterrestre moitié-humaine moitié-machine apparue dans Star Trek. Elle incarne le double problème que pose la machine à l’être humain, relativement à son identité :

celui de l’amélioration technologique du corps individuel (greffe d’organes mécaniques) et celui de l’intégration mécanique du corps social que permet la bio-mécanisation des individus (intégration des cerveaux par des interfaces homme-machine).

DICK, PHILIP K.

Génie paranoïaque et réellement persécuté de son vivant (notamment par le FBI). Son œuvre prémonitoire est maintenant largement exploitée par Hollywood : Blade Runner, Total Recall, Screamers, Minority Report

Ses romans et ses nouvelles illustrent très bien la raison pour laquelle on parle de « science »-fiction. Non pas à cause du contenu scientifique du roman, mais à cause de la méthode d’exploration narrative de la réalité qui caractérise la SF. Dans les œuvres de science-fiction, on pose une ou plusieurs hypothèses, puis on anticipe ce qui pourrait logiquement en découler. Ce sont des expériences de pensée : que se passerait-il si on pouvait :

  • modifier les souvenirs de quelqu’un ?
  • bricoler génétiquement les êtres humains ?
  • prévoir les crimes ?

Cette méthode est maintenant utilisée d’une façon passablement moins ludique par le Pentagone et d’autres officines du genre. Pour participer à ces scénarios exploratoires, on invite à l’occasion des écrivains et scénaristes professionnels. Après tout, ce sont eux, les experts !

 

E.T.

Enfant extraterrestre dans le film éponyme. C’est l’anti-Alien. Un des premiers extraterrestres non menaçants, voire attachants. Comme disait Sting : « Russians love their children too ». Même chose pour les extraterrestres, semble-t-il.

FONDATION

Premier titre d’une série de romans d’Isaac Asimov. Cette série repose sur une question troublante, qui est de plus en plus d’actualité. On sait que les civilisations naissent, grandissent, vivent, déclinent et meurent… puis sont remplacées par d’autres. À l’heure où la civilisation se mondialise, que va-t-il arriver pendant l’inévitable moment de déclin que connaîtra cette civilisation ? Une période de chaos ? C’est ce que prévoit notamment l’écrivain Jacques Attali… Peut-on limiter cette période qui va précéder l’émergence de la prochaine civilisation ? Est-il possible d’y survivre sans que trop d’acquis des civilisations antérieures disparaissent irrémédiablement ? Tel est le projet qui anime la « fondation » qu’Asimov met en scène : limiter la durée du chaos et réduire les pertes civilisationnelles.

 

GALACTIQUES

Il peut s’agir d’espaces, d’empires, de civilisations… Cette stratégie narrative de  dépaysement  permet de court-circuiter les défenses habituelles des lecteurs / auditeurs en situant dans des environnements totalement étrangers des problèmes proches d’eux. Les questions de liberté, de pouvoir, d’humanité…

L’approche « galactique » peut aussi avoir pour effet de relativiser les problèmes immédiats et de relever le niveau des préoccupations : que pèse un problème de chicane de voisins face à la disparition d’une civilisation galactique ?

 

HUMANITÉ

Par certains côtés, on peut dire que c’est le seul personnage important d’un récit de science-fiction. De toutes les façons, et principalement par la confrontation avec l’autre, c’est toujours la même question qui se pose : qu’en est-il de l’être humain ? À quelle forme de vie peut-on reconnaître l’humanité ?

 

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Souvent vue comme une menace. Sa forme la plus simple est l’ordinateur qui s’efforce de prendre le contrôle de la planète, notamment parce qu’il juge l’humanité stupide et dangereuse : ce thème court de Colossus à Matrix. Deux autres variations sur ce thème : le robot qui réclame ou prend son autonomie ; le logiciel qui échappe à ses créateurs et mène une vie autonome dans Internet, à la manière des bots.

 

JULES VERNE

Écrivain de SF prolifique et polyvalent (pièces de théâtre, romans, nouvelles, poésie, chansons, études…). On le réduit souvent à ses romans les plus connus, notamment ceux mettant en scène des progrès scientifiques (Vingt mille lieues sous les mers, De la Terre à la Lune, Les Cinq cents millions de la Bégum, Le tour du monde en quatre-vingt jours…).

Bien que passant pour le premier écrivain français de SF, Verne a eu des précurseurs. Un des plus mal connus, à cause d’une pièce de théâtre qui travestit sa vie : Savinien de Cyrano, dit de Bergerac. À cet homme qui fut un modèle de liberté d’esprit, on doit notamment L’histoire comique des États et Empires de la Lune (1657) ainsi que L’histoire comique des États et Empires du Soleil (1662).

Parmi les successeurs de Verne, on peut citer Barjavel, qui a exploré les multiples facettes de ce qui semble être la volonté d’autodestruction de l’humanité. Sa manière de saluer la SF américaine ne manquait pas d’aplomb :

« La vraie littérature américaine, ce n’est pas Faulkner, Hemingway et leurs pareils, descendants anémiques de Zola, branche exténuée de la littérature européenne du XIXe siècle : c’est Bradbury, Clifford Simak, Van Vogt, Asimov, Walter Miller, Damon Knight, James Blish et mille autres. »

 

KLINGON

Une espèce extraterrestre appartenant à la série Star Trek. À l’instar des Klingons, il arrive souvent que les formes de vie « autres » que sont les extraterrestres incarnent un aspect particulier de l’être humain. C’est notamment le cas dans l’univers de Star Trek avec les Klingons (guerriers), les Vulcains (l’esprit logique et scientifique), les Férengis (le parfait commerçant capitaliste)…

Première langue extraterrestre inventée pour une série télé, le klingon est parlé par des dizaines de milliers de personnes.

 

LOIS DE LA ROBOTIQUE

Lois formulées par Asimov pour contrôler le comportement des robots dans un environnement humain. En simplifiant, elles se résument à trois choses : ne pas nuire aux êtres humains ; obéir aux êtres humains, sous réserve de la première loi ; protéger son existence, sous réserve des deux premières lois.

Leur formulation originale est plus complexe et elle a été souvent revue par Asimov lui-même au cours des ans. Ces lois servent maintenant de base aux recherches sur les moyens de contrôler des intelligences artificielles dotées d’autonomie.

ORWELL, GEORGE

Auteur du roman 1984, il est souvent présenté comme le compétiteur idéologique d’Aldous Huxley. Alors qu’Huxley décrit une forme de totalitarisme soft, Orwell dépeint ce qui peut être présenté comme l’archétype du totalitarisme dur. Même si la plupart des instruments de contrôle et de surveillance imaginés par Orwell se sont réalisés et ont souvent été dépassés par l’évolution technologique, certains estiment que c’est Huxley qui a gagné la bataille de la prévision : aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les gens paient pour pouvoir être surveillés !

Par contre, quand on prend en compte la montée des dictatures et des pouvoirs autoritaires, de même que la violence qui sévit un peu partout sur la planète,  on peut se demander s’ils n’ont pas eu raison tous les deux : aux pays riches, le totalitarisme soft; aux pauvres, le totalitarisme dur. Après tout, l’industrie militaire a autant besoin de débouchés que celle du divertissement

 

POUVOIR

Un des thèmes majeurs de la science-fiction. Technoscientifique, politique, religieux ou racial — hérité, conquis, usurpé ou convoité —, le pouvoir connaît toutes sortes de déclinaisons. Une des plus fréquentes est le pouvoir de la raison, souvent d’État, versus celui des sentiments ou des appartenances. C’est le thème de plusieurs dystopies. Antigone dans l’espace, autrement dit.

ROBOT

Terme apparu pour la première fois dans une pièce de théâtre de Karel Capek, RUR, en 1921. Le mot a été créé par son frère à partir du mot slave robota, qui signifie : travail, corvée… Asimov est l’un des premiers à mettre en scène les robots non comme des êtres dangereux, mais bienveillants et faisant souvent preuve de plus d’humanité que les êtres humains. Le robot et l’être humain peuvent être vus comme les deux pôles entre lesquels se situent les différentes formes d’androïdes.

 

SCIENCE-FICTION

Pour éviter quelques confusions grossières : la science- fiction n’est pas de la fantasy, ni du fantastique. Distinguons. Le fantastique se caractérise par l’irruption de l’irrationnel (souvent le surnaturel)  dans un monde par ailleurs complètement rationnel (Maupassant). La fantasy, particulièrement dans sa variante « merveilleux », se caractérise par un monde qui échappe aux lois de notre réalité (dragons, fées, elfes…), mais qui possède sa propre cohérence (Tolkien). Les univers de science-fiction se conforment aux lois de notre réalité et excluent tout élément irrationnel. Ils peuvent toutefois intégrer le fait que la science a évolué et que, dans un futur proche ou lointain, des choses qui apparaîtraient aujourd’hui inexplicables pourront s’expliquer rationnellement (Philip K. Dick).

Évidemment, les auteurs ne se laissent pas toujours enfermer dans ces « genres ». Il leur arrive souvent d’intégrer des éléments de plusieurs d’entre eux dans un même roman. Ou encore de rationaliser des éléments irrationnels : par exemple, justifier scientifiquement l’existence des vampires.

 

ÉLÉPORTATION

Un des deux principaux moyens imaginés par les auteurs de SF pour résoudre le problème du transport entre planètes et galaxies, l’autre étant les voyages à des vitesses supérieures à celle de la lumière. La téléportation existe vraiment… mais seulement au niveau quantique. Rien, donc, pour menacer l’industrie pétrolière ou celle des énergies vertes… Du moins, à court terme.

ZORGLUB

Personnage de BD apparu dans Spirou et Fantasio. Il est l’incarnation de l’inventeur fou : on lui doit notamment une onde pour hypnotiser les foules, la zorglonde !  Il rêve de conquérir la planète, mais ses projets ratent toujours à cause de ses gaffes et de sa maladresse. On peut le voir comme la version amusante d’un Fantomas voué à l’échec et à la dérision.

Ce mégalomane a inventé une langue, la zorglangue, dont tous les mots commencent par les premières lettres de son nom. Ses troupes sont composées de Zorglhommes. Transformer la planète en selfie, quoi !