ARTHUR MILLER

Dramaturge américain (1915-2005). Il est l’auteur de grands classiques tels que Mort d’un commis voyageur (1949), Vu du pont (1955) et, évidemment, Les Sorcières de Salem (1953). À travers des drames sociaux au ton réaliste, Arthur Miller expose les oppressions économiques et politiques subies par la classe ouvrière, les femmes et les immigrants. Fait notoire, il sera l’époux de la mythique Marilyn Monroe pendant quelques années (1954 à 1961). De cet amour naîtra l’un des meilleurs films de Marilyn, The Misfits (1961), dont Miller signera le superbe scénario.

 

BÛCHER

Depuis l’Antiquité, le bûcher — amas de bois et de combustible qu’on enflamme afin de brûler un individu — est utilisé comme rite funéraire. Les plus nerds d’entre nous se rappelleront la touchante scène sur la planète Endor où Luke Skywalker brûle le corps de son défunt père, Darth Vader, afin de l’honorer. Toutefois, le bûcher sert aussi de mode d’exécution pour des sentences de mort. Il a connu ses heures de gloire lors de la grande chasse aux sorcières du 17e siècle. Quelques bûchers célébrissimes: celui de Jeanne d’Arc aux mains des Anglais, mais aussi celui des templiers si bien mis en scène dans la saga des Rois Maudits de Maurice Druon.

DÉMONOLOGIE

La démonologie prend un malin plaisir à s’intéresser aux démons et aux mauvais esprits en étudiant leur origine, leur fonction et leur hiérarchie. Parmi les démons les plus étudiés, on retrouve Lucifer, Belzébuth et Lilith. Reste qu’un nombre important d’ouvrages seront écrits sur ce sujet afin d’aider les autorités religieuses à identifier les cas de possession, de sorcellerie et d’hérésie. Saint Thomas d’Aquin publiera son Traité du mal en 1272 et le Malleus maleficarum, publié en 1486, sera, pendant de nombreux siècles, l’ultime guide pour les démonologues en herbe.

FÉMINISME

Immense sujet qui ne peut et ne doit se résumer à une courte entrée d’un Abécédaire. Malgré tout, tentons une définition; le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent l’idée de définir, de promouvoir et d’atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes. Le féminisme épouse nombre de combats sociaux comme le droit de vote, le libre choix en matière d’avortement, l’égalité salariale et le sexisme. Jetez un coup d’œil sur les œuvres littéraires de Simone de Beauvoir, Margaret Atwood et, ma préférée, la géniale Virginie Despentes.

qui ne peut et ne doit se résumer à une courte entrée d’un Abécédaire. Malgré tout, tentons une définition; le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent l’idée de définir, de promouvoir et d’atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes. Le féminisme épouse nombre de combats sociaux comme le droit de vote, le libre choix en matière d’avortement, l’égalité salariale et le sexisme. Jetez un coup d’œil sur les œuvres littéraires de Simone de Beauvoir, Margaret Atwood et, ma préférée, la géniale Virginie Despentes.

 

GÂTEAU

Lorsque la petite Betty tombe malade, Mary Sibley propose à Tituba de fabriquer un « gâteau de sorcière » pour révéler si la petite est possédée. Ce gâteau est conçu à partir de farine de seigle et d’urine provenant de la malade. Une fois cuit, le gâteau doit être mangé par un chien. Si, après ingestion, le chien présente les mêmes symptômes que la victime, le cas de sorcellerie est avéré. Le tout doit s’exécuter devant public, afin d’identifier la sorcière concernée ; puisque celle- ci souffrira violemment à la vue du gâteau dévoré.

 

Pourquoi un chien ? Il semblerait que le chien – préférablement noir – soit l’animal prisé par le Diable.

 

HORREUR

Vous l’aurez deviné, une grande variété de films d’horreur mettent en scène des sorcières. Voici quelques-uns des plus notoires. La sorcellerie à travers les âges (1922) du Danois Benjamin Christensen est une sorte d’essai filmique sur la chasse aux sorcières. Suspiria (1977) de l’Italien Dario Argento est un incontournable du genre avec ses scènes sanguinolentes, sa musique envoûtante et sa direction artistique kitsch à souhait. On ne saurait oublier The Blair Witch Project (1997), petit film fauché, tourné en huit jours au Maryland, racontant l’odyssée de jeunes étudiants perdus en forêt alors qu’ils tournaient un documentaire sur la sorcière de Blair. Le film rapportera 248 millions, soit quatre mille fois son budget original.

 

INCANTATION

L’incantation est la formule magique qui, une fois dite, permet d’activer un sort. Elle provient presque toujours d’une langue ancienne, souvent morte. Quelques incantations célébrissimes : le « Expelliarmus » de Harry Potter pour désarmer un ennemi, le « Am Stram Gram » ou « Abracadabra » des spectacles de magie et le « Klaatubarada nikto » qui libère le Necronomicon et l’armée des morts dans le jouissif L’Armée des ténèbres (1992).

 

JURY

Un jury est composé de jurés qui sont chargés par la loi de rendre un verdict dans le cadre d’un procès. Après avoir entendu les témoins et les plaidoiries des avocats, le jury se retire pour délibérer, c’est-à-dire discuter de la culpabilité de l’accusé.e et de la sentence à prononcer. Les procès sont souvent d’excellents sujets de fiction, particulièrement dans le théâtre américain. Pensons à la présente pièce de Miller, mais aussi à A Few Good Men d’Aaron Sorkin et au célèbre Twelve Angry Men de Reginald Rose

 

KARABA

C’est en 1998 que le public du monde entier découvre l’œuvre du réalisateur Michel Ocelot avec son long métrage d’animation Kirikou et la sorcière. Dans le film, Kirikou, petit et astucieux gamin, habite un village fictif en plein cœur de l’Afrique. Mais voilà que tous les hommes du village ont disparu par la faute de la terrible sorcière Karaba. Après moult péripéties, Kirikou découvrira que la méchanceté légendaire de Karaba est due à une épine logée dans le bas de son dos. Morale de l’histoire : une séance de chiropractie peut vous éviter un procès pour sorcellerie.

MACCARTHYSME

Il est bien connu que la pièce d’Arthur Miller se veut une allégorie dénonçant le maccarthysme. Mais qu’est-ce que le maccarthysme ? On doit ce terme au célèbre sénateur du Wisconsin, Joseph McCarthy, qui a présidé avec une ferveur peu commune le sous-comité d’enquête permanent du gouvernement américain pendant les années cinquante. Fermement convaincu que les États-Unis étaient infiltrés par un réseau d’espions communistes, il va créer une véritable

« chasse aux sorcières » en multipliant les enquêtes et les interrogatoires auprès du gouvernement, de l’armée et des médias, créant un climat intenable de suspicion.

 

NOIRE ET BLANCHE

Historiquement, c’est Saint-Augustin qui distingue pour la première fois les deux grandes formes de magie : la « goétie » et la « théurgie ». Les deux se distinguent par leur visée morale : la magie noire cherche à faire le mal ; la magie blanche, le bien. À titre d’exemple, dans l’univers de J.K. Rowling, Harry, Hermione et Ron usent de magie blanche et Voldemort, de magie noire. Pour les nostalgiques comme moi, Magie noire et blanche est aussi le titre d’une très belle chanson de Francine Raymond.

 

RITUEL

À l’origine, le rituel existe par et pour la religion. Il se veut une série d’actes, de paroles et d’objets formant une cérémonie à caractère religieux. Aujourd’hui, les rituels peuvent être non confessionnels. Ils rythment notre quotidien : rituel de la rentrée scolaire, rite d’initiation, enterrements de vie de jeune fille… Comme disait Catherine Locandro dans son roman L’Enfant de Calabre : « Ce n’est pas le sang qui fait une famille. Ce sont les rituels. Ces rendez-vous que l’on se donne et durant lesquels chacun est sûr du rôle qu’il a à jouer. » Citation à retenir au prochain réveillon en famille.

 

SABBAT

Enfoncez-vous dans une forêt ancestrale lors d’une nuit de pleine lune; cherchez-y une clairière. Ne faites pas de bruit, mais tendez l’oreille. Peut-être allez-vous entendre un mélange effrayant de percussions et de cris de femmes. Si oui, approchez-vous sans être vu. Des femmes dansent et chantent dans la forêt ? Il y a de forts risques que vous soyez tombé sur un sabbat, c’est-à-dire une réunion de sorcières. Laissez-les tranquilles. Il s’agit probablement d’une simple fête païenne. N’en parlez surtout pas au pasteur de votre congrégation, cela pourrait mal se terminer.

URSULA

Comme toujours, il y a le conte d’origine : La petite sirène du sublime Hans Christian Andersen. Puis, il y a l’empire Disney, grand dévoreur d’imaginaire, qui va réinterpréter à sa sauce pop le chef-d’œuvre littéraire. Disney fera de la sorcière des mers – personnage peu important dans le conte – l’antagoniste d’Ariel, notre sirène adorée. Sous le crayon de Disney, Ursula deviendra une sorte de grande drama queen irrésistible, un brin burlesque.

 

VILLE

Cherchant à bâtir la nouvelle Jérusalem au Massachusetts, les puritains fondèrent la ville de Salem. C’est dans cette célèbre ville que se déroulèrent les procès de sorcellerie de la pièce. À noter toutefois que les accusé.es habitaient une localité éloignée de la ville, Salem Village (Danvers). Mais bon, aujourd’hui, la ville s’est approprié le drame et l’exploite allègrement. À chaque année, pendant tout le mois d’octobre, s’y tient un festival hommage à la tragédie. La ville bat au rythme des flots de touristes (cent mille par année) qui viennent découvrir le décor des Sorcières de Salem tout en buvant un latté à saveur de citrouille.

XVIe et XVIIe SIÈCLES

Contrairement à la croyance populaire, la chasse aux sorcières n’est pas le fait du Moyen Âge. Oh que non ! Elle bat son plein à la Renaissance ; âge d’or de l’Humanisme et de la Modernité. À l’époque médiévale, les « sorcières » se voyaient bannies, persécutées; mais rarement exécutées. L’avènement de l’écriture juridique va mettre en place un nombre impressionnant de juges prêts à « libérer » le monde de la sorcellerie. À titre d’exemple, le juge Henry Boguet (1550-1619), surnommé le « brûleur féroce », qui condamnera au bûcher près de 1500 personnes en quelques années. Efficace.

 

YAMA-UBA

Les chasseurs qui s’aventurent trop profondément dans la dense forêt japonaise et s’y perdent ont parfois la malchance de tomber sur Yama-Uba, la sorcière des montagnes. Elle les séduira en premier sous l’apparence d’une jolie jeune fille pour ensuite révéler sa véritable nature : une horrible vieille femme en haillons possédant une deuxième bouche au sommet de son crâne. À quoi sert cette deuxième bouche ? À mieux dévorer les pauvres chasseurs naïfs.

 

ZOMBIE

Il y a deux types de zombies. Le premier, de culture haïtienne, est un mort qu’un sorcier va ramener à la vie par le vaudou pour le réduire à l’esclavage. Puis, il y a la version, plus moderne, née en 1968, par la création du légendaire film Night of the Living Dead de George Romero. Ici, point de sorcellerie. Point de magie. Le zombie est un mort ramené mystérieusement à la vie. Un mort en décomposition qui a faim. Gare à vous s’il vous mord, vous deviendrez un zombie à votre tour. Si vous avez le cœur solide, je vous invite à regarder en rafale Dawn of the Dead (1978), The Return of the Living Dead (1985) et le rigolo Shaun of the Dead (2004).