On devrait souvent considérer notre consommation de contenus comme notre consommation alimentaire. On essaye généralement, dans notre journée, d’aller chercher suffisamment de protéines, fibres et vitamines tout en évitant l’excès de sucre ou de gras trans. Alors pourquoi ne pas faire la même chose avec le temps qu’on accorde à nos écrans?
Parfois, au terme de ma journée, je fais le bilan de ma consommation médiatique: l’Instagram d’une influenceuse en voyage, une vidéo de chat qui se pète la face sur un piano et un mec sur TikTok qui a gagné des millions d’abonnés grâce à sa technique pour mettre sa casquette. Et puis soudainement, ça me frappe: je n’ai rien consommé de « nourrissant », seulement du contenu vide.
En réalité, la grande dérive des réseaux sociaux, c’est d’avoir gâché le sens du mot « contenu ». Un gars toujours en chest et en joggings qui publie chaque semaine sur TikTok des vidéos de lui en train de recopier des chorégraphies déjà faite par 1000 autres utilisateurs auparavant, ne devrait pas être considéré comme un « créateur de contenu ». Une fille dans son walk-in qui tourne sur elle-même et qui arbore un nouveau look à chaque tour, ça ne devrait pas non plus s’appeler une « créatrice de contenu ».
Le constat est triste: les recettes, c’est addictif. Je suis le seul à trouver ça fâchant de tomber dans le panneau? Chaque fois que j’en prends conscience, je me demande pourquoi mon cerveau se laisse kidnapper comme ça. Pourquoi ne s’intéresse-t-il pas plutôt à du contenu qui a fait l’objet d’un vrai travail créatif ou à des affaires qui parlent d’actualité?
Dans mon autre billet, je demande que les jeunes enseignent aux boomers comment se comporter en ligne et je maintiens ma demande. Mais si jamais il existe aussi un cours intitulé « Comment décrocher de TikTok après avoir regardé des vidéos insipides pendant trois heures au lieu d’aller se coucher », je serai le premier inscrit.
Et je suis convaincu que je ne serai pas le seul.