Quand vient le temps d’écrire un commentaire sur les réseaux sociaux, il y a deux manières de réfléchir : celle des jeunes et celle des baby-boomers.
Du moins, c’est le constat (très généralisé, on s’entend) que j’ai fait en travaillant dans le domaine de la télévision et des réseaux sociaux. Pour la petite histoire, j’ai travaillé pour des pages et des plateformes qui s’adressaient à des jeunes, mais aussi d’autres dont le public-cible continue de regarder la télé en direct en s’abonnant au câble (ça donne une bonne idée de l’âge, en général). Qu’on se comprenne bien, je n’ai rien contre les baby-boomers – ni contre l’idée de payer pour regarder des contenus qu’on pourrait voir gratuitement sur le site du diffuseur (!!) – mais j’en ai contre ceux qui manquent de savoir-être et qui sont incapables de se retenir de commenter « CÉ DLA MARDDD » sur chaque publication qu’ils voient passer.
Et c’est bien dommage, mais en matière de communication respectueuse en ligne, les plus jeunes ont une longueur d’avance sur les plus vieux.
Bien sûr, les réseaux sociaux ne sont pas venus avec un guide d’utilisation. Résultat : chaque génération s’est approprié chaque plateforme en y créant ses propres « codes », ses propres normes. C’est ce qui explique pourquoi ta tante publie pratiquement juste des photos de ses orchidées ou qu’elle utilise la section commentaires sous ta plus récente photo de party pour te demander « Ta mère a-t-elle réussi à se faire rembourser ses chaises de patio ? ». C’est aussi ce qui explique qu’un influenceur de 18 ans qui est pris d’une attaque de panique bien réelle a le réflexe de ventiler en faisant un live sur Instagram plutôt qu’en appelant un proche, ou encore qu’une fille de deuxième secondaire filme une choré TikTok au beau milieu du stationnement d’un Walmart. Chaque génération regarde l’autre et trouve ça complètement lame ; c’est ça, un écart de « codes ».
Tout ça pour dire… Okay, les réseaux sociaux ne sont pas venus avec un guide d’utilisation ; publier du contenu qui semble bizarre ou impertinent pour la tranche d’âge située en-dessous ou au-dessus de la sienne, c’est plutôt inoffensif. Mais là où le bât blesse, c’est quand on entre dans la gestion de la haine.
Au fil des années, à force d’observer la jungle des réseaux sociaux, j’ai un peu mené ma propre étude maison (avec zéro méthode scientifique, on s’entend). Ce que j’ai constaté, c’est que si on prenait l’ensemble des messages haineux qui s’écrivent au Québec, on remarquerait qu’une nette majorité sont pondus par des adultes, mais rarement par des jeunes. À quoi ça sert de cracher son venin à travers son clavier ? C’est comme si les jeunes internautes n’en voyaient pas la pertinence et que beaucoup (trop) de boomers ne se posaient même pas la question, trop pressées d’exprimer une opinion qu’on n’a jamais demandée.