Ensuite, c’est vrai que le travail physique est très important dans ma pratique. Dans le cas de L’éveil, ça s’accordait bien avec l’idée de la fougue adolescente, du dépassement de soi et de la performativité. Quand on atteint une forme de virtuosité au théâtre, par l’athlétisme, la danse ou autre, quand on voit des interprètes se surpasser et suer sur scène, ça suscite le respect du public et revalorise, en quelque sorte, le travail exigeant de l’acteur·rice.
Finalement, je dois dire qu’on s’est constamment relancé entre fantasmes d’écriture scénique et d’écriture textuelle, dans un processus en symbiose avec les concepteur·rice·s et les interprètes. Très tôt, avec la scénographe Amélie Trépanier, on s’est imaginé cette forêt comme onzième personnage. Une forêt dans laquelle on vit des expériences sexuelles, mais qui porte aussi un regard sur le capitalisme. Amélie est arrivée avec cette idée de cordes qui rappelle le shibari utilisé dans la scène BDSM*. On voulait également avoir un espace dit « sociétal » où tout est cadré. On est donc sur un quadrillage droit, avec cet immense plateau incliné au centre, comme un tremplin pour plonger dans l’autre zone, un point de fuite vers le désir, une montée fulgurante vers l’orgasme, avec la possibilité de glisser et de ne pas y accéder. Mais oui, il y a eu des allers-retours constants entre l’écriture, la scénographie, l’éclairage, les costumes, la musique. Tout s’influence et se contamine pour le mieux.