Introduction

Avec un million d’espèces connues, les insectes sont la classe d’animaux la plus diversifiée. Ils font partie de l’immense groupe des arthropodes, comme leurs lointains cousins les crustacés et les araignées. Au fil de l’évolution, les insectes ont conquis tous les continents et tous les habitats, à l’exception notable du milieu marin. Leurs formes, leurs couleurs et leurs histoires de vie si variées frappent l’imaginaire.

Le Québec compte plus de 20 000 espèces d’insectes connues. La province a même un insecte emblème : le papillon amiral (Limenitis arthemis). Quatorze espèces y sont protégées, la plus connue étant le papillon monarque (Danaus plexippus). Certaines d’entre elles n’ont pas été observées dans la Belle Province depuis plusieurs années. C’est notamment le cas du bourdon à tache rousse (Bombus affinis) et de l’hespérie tachetée (Erynnis martialis), un petit papillon qui se nourrit d’une plante rare. Comme ailleurs dans le monde, la perte d’habitat, les changements climatiques et l’utilisation à grande échelle de pesticides sont les principaux facteurs contribuant au déclin des insectes.

Malgré leurs différences, les insectes ont en commun d’avoir, à l’étape adulte, six pattes, des antennes et des ailes. Ils ont un exosquelette, c’est-à-dire un squelette externe à l’intérieur duquel se trouvent les organes. Leur corps est divisé en trois parties : tête, thorax et abdomen. Au cours de leur vie, ces petits animaux passent par plusieurs étapes de développement séparées par des mues. La mue consiste à s’extraire de son exosquelette rigide pour grandir et passer d’une étape à une autre.

Chez les insectes, la métamorphose est bien concrète! Elle est le phénomène de transformation des étapes immatures vers l’étape adulte. Comme c’est l’adulte qui porte les organes reproducteurs, il est nécessaire de l’atteindre pour perpétuer l’espèce. Il y a deux types de métamorphose : la métamorphose complète et la métamorphose incomplète.

Métamorphose complète

Près de 80% des espèces d’insectes connues passent par une métamorphose complète. C’est le cas des papillons, des scarabées et des abeilles, par exemple. Leur cycle de vie comprend quatre étapes : l’œuf, la larve, la nymphe et l’adulte. Pour certains groupes d’insectes à métamorphose complète, ces étapes ont des noms particuliers. Ainsi, chez les papillons, la larve est appelée chenille et la nymphe, chrysalide.

On dit que leur métamorphose est complète, car la larve et la nymphe sont radicalement différentes de l’adulte. Non seulement ces étapes ont des apparences différentes, mais elles ont aussi des régimes alimentaires différents. Par exemple, la plupart des chenilles se nourrissent de feuilles de végétaux, tandis que les papillons butinent le nectar dans les fleurs.

Chez les insectes à métamorphose complète, la larve doit passer par l’étape de la nymphe pour devenir adulte. La nymphe ne se nourrit pas et est immobile; elle est donc vulnérable. C’est pourquoi elle est souvent camouflée dans la végétation, voire sous terre. Comme protection supplémentaire, certaines espèces confectionnent un cocon à l’intérieur duquel elles deviennent nymphes. La chenille des papillons de nuit, par exemple, tisse un cocon de soie. D’autres insectes utilisent des feuilles, de petites branches ou même des excréments!

Sous la cuticule de la nymphe, l’adulte prend forme. Lorsqu’il émerge, il demeure vulnérable pendant quelques heures, car son exosquelette encore frais doit sécher et se rigidifier. À terme, l’adulte complète son cycle de vie en trouvant un partenaire pour se reproduire.

Métamorphose incomplète

Chez les insectes à métamorphose incomplète, la vie se déroule plutôt en trois actes : l’œuf, la nymphe et l’adulte. C’est notamment le cas des cigales, des libellules et des blattes. Contrairement aux insectes à métamorphose complète, leur nymphe s’apparente à une version miniature de l’adulte qui se déplace et se nourrit comme celui-ci. Elle-même connaît plusieurs mues qui la rapprochent chaque fois un peu plus de l’adulte.

Dans son roman, Kafka ne mentionne pas clairement en quel insecte Gregor se métamorphose. Il y a même une petite controverse entourant la traduction des termes utilisés pour désigner le personnage transformé. Certains traducteurs ont opté pour la blatte. La figure ci-dessous montre les stades de la nymphe de la blatte américaine (Periplaneta americana), avec l’adulte à droite. On voit bien que la métamorphose est incomplète, puisque la nymphe ressemble à l’adulte. Notons toutefois que le cas de Gregor s’apparente davantage à une métamorphose complète!

La métamorphose de l’Insectarium

L’Insectarium est lui aussi en pleine métamorphose! Achevé de bâtir en 1989, l’ancien bâtiment a fermé ses portes il y a plus de deux ans pour faire place à un tout nouveau musée. Ce dernier réserve au visiteur une expérience immersive dans laquelle il se met dans la peau d’un insecte. Une place importante est donnée à l’émotion et à la sensorialité pour susciter l’entomophilie, c’est-à-dire l’appréciation des insectes. Vous êtes invité·e·s à venir nous voir pour vous métamorphoser à votre tour, avec la garantie que cette transformation sera plus heureuse que celle de Gregor!