En 1868, paraît aux États-Unis Little Women, roman de l’écrivaine américaine de renom, Louisa May Alcott.

L’histoire des quatre filles du docteur March connut très vite un engouement populaire et un grand succès critique. L’éditeur qui avait commandé à Alcott ce roman se vit ravi de lui demander d’écrire une suite qui racontait la vie d’épouse des protagonistes, des Good Wives comme le disait le titre de la publication en Grande-Bretagne.

Alcott finira par publier Little Men en 1871 et enfin Jo’s Boys en 1886.

On aura compris que cette suite de textes s’adressait tout particulièrement à un public féminin qui, à l’époque, souhaitait se perdre dans des histoires sur la vie de famille, la domesticité, l’amour, l’éducation des enfants, le développement d’une identité féminine et les liens dans de petites communautés.

La lecture de cette série à succès devint un passage obligé pour toutes les petites filles et petits garçons qui rêvaient de s’entraîner à être de bons Américains et de participer aux valeurs de la nation.

Le premier livre de la série d’Alcott, Little Women, marque un tournant décisif dans la conception participative et engagée des femmes à la vie américaine. Cette construction de l’idée de la jeune femme a eu une forte incidence sur l’imaginaire du pays. Le roman a été lu tout au long du vingtième siècle et reste encore aujourd’hui l’objet d’une adoration, après avoir inspiré de nombreux films, pièces de théâtre et séries.

 

De ce mouvement de liberté, à la base de la Guerre de Sécession, les femmes en profitèrent en quelque sorte pour faire valoir leurs droits et défendre leur place dans le monde. Durant la guerre, comme les hommes étaient absents, au front, elles purent s’émanciper et pourvoir à leur existence, alors que la loi américaine les gardait encore sous le joug de leur père et de leur mari qui pouvait vendre toutes les possessions familiales sans la permission de l’épouse. Entre 1865 et 1870, les troisième, quatorzième et quinzième amendements de la Constitution américaine garantirent enfin à tous les citoyens des droits égaux et la protection de la loi. Mais dans les faits, les femmes n’auront le droit de vote qu’en 1920.

C’est cette émancipation des femmes, de quatre filles, quand le père part à la guerre comme aumônier de l’Union, que Louisa May Alcott dépeint en 1869. Que ce roman ait lieu à Concord au Massachusetts n’a pas de quoi étonner. La Nouvelle-Angleterre était à l’époque à l’avant-garde des idées de liberté qui secouaient le pays.

Quand le père n’est pas là, les filles ne dansent pas seulement dans des fêtes, elles se mettent au travail pour nourrir la maisonnée, elles enseignent, elles soignent une vieille tante, elles s’occupent des pauvres, elles luttent contre les épidémies et la pénurie qu’occasionne la guerre. Elles apprennent à vivre, à aimer et surtout à se débrouiller.